La bonne année!
En ce début d’année, l’hiver pointerait-il le bout de son nez? C’est bien possible.
La belle patate anticyclonique et la couche d’inversion qui en résulte pourraient être interprétées comme de bons présages.
Peu de neige en vue, mais les givres ont fait leur apparition en plaine et en fond de combes.
Les lacs ont commencé à se tendre, la falaise amplifiant leur complainte millénaire.
Sans vent, sans perturbation, ils se vitrifient d’une glace parfois transparente, marbrée çà et là de fissures irisées
par la lumière de cette douce fin d’après-midi.
Et surtout cette sensation incroyable de marcher sur les eaux sombres du lac.
Quelques tiges de roseaux rescapées se maintiennent fièrement au-dessus de la surface gelée.
Elles sont le seul lien entre l’air libre et l’univers aquatique.
Je me surprends à imaginer toutes les petites grenouilles rousses piégées au fond respirant grâce à ces minces tubas improvisés…
A travers la glace, de jeunes nénuphars au coeur vert tendre s’étalent sur le fond souligné par le soleil oblique. Une ombre glisse furtivement sous la vitre. Sans doute un jeune brochet attiré par cette lumière figée dans les bulles de méthane, dans l’impatience du prochain printemps.
De rares et magnifiques conditions pour le regard des curieux de nature.
Et je n’oublierai pas cette petite fille s’extasiant avec tant de spontanéité et d’émotion devant toute cette beauté figée. Ses parents ont eu bien du mal à l’extraire de ses contemplations tandis qu’elle déclamait son attachement au lac.
Sur la sombre partition de nos liens perdus avec la nature, une belle note d’espoir.
Et la bonne année qui s’annonce !
ML